World Rugby a rendu obligatoire l’utilisation des protège-dents connectés, qui permettent d’améliorer la santé des joueurs professionnels en détectant d’éventuelles commotions cérébrales. Mais cet outil, qui n’est pas considéré comme médical, ne fait pas l’unanimité.
C’est l’un des rendez-vous les plus attendus par les adeptes de rugby. Le coup d’envoi du Tournoi des 6 Nations 2025 sera donné ce vendredi 31 janvier avec, en ouverture, le choc entre la France et le Pays de Galles (21h15) au Stade de France.
Les 42 joueurs sélectionnés par le coach de l’équipe de France, Fabien Galthié, et son staff, ont pris part à l’entraînement mercredi 22 janvier à Marcoussis. L’occasion de retrouver Romain Ntamack qui, après dix-sept mois sans joueur en Bleu en raison de blessures, a occupé l’ouverture avec une chasuble dédiée aux titulaires. Si les joueurs sont préparés au tournoi de par leur saison régulière et les entraînements encadrés par les sélections, rien ne peut éviter les blessures et parmi elles, les commotions cérébrales sont scrutées de très près.
Contrairement à l’an dernier, le deuxième ligne de Montpellier Paul Willemse ne sera pas aux côtés de ses collègues du XV de France pour le Tournoi. Victime d’une commotion, il va être éloigné des terrains au moins jusqu’en avril. Une absence qui ramène donc le sujet des commotions sur la table, d’autant que 15 % de celles-ci passent encore sous les radars des médecins, malgré le renforcement de la protection des joueurs ces dernières années.
Un dispositif qui calcule chaque impact encaissé en match
C’est face à ce constat que, depuis janvier 2024, World Rugby, instance qui gère le rugby dans le monde, a rendu les protège-dents connectés obligatoires pour mieux détecter les commotions cérébrales. Le Tournoi des six nations 2024 a été la première compétition masculine d’envergure à utiliser ce dispositif innovant. Au moment de l’annonce, World Rugby avait d’ailleurs indiqué investir 2 millions d’euros pour accompagner les fédérations, les compétitions et les clubs afin qu’ils adoptent la technologie. Lors de cette édition 2025, les joueurs auront donc obligation de porter cet équipement.
Pour équiper les joueurs, World Rugby a approuvé les appareils développés par la société américaine Prevent Biometrics. Le dispositif est le fruit de dix années de recherches menées par des médecins, des ingénieurs ou encore des mathématiciens formés par la Nasa. Réalisés sur mesure pour chaque joueur, ces protège-dents anti-commotions cérébrales doivent être portés pendant les matchs et les entraînements. Les appareils sont équipés de capteurs qui signalent et mesurent en temps réel les chocs à la tête subis par les rugbymen. L’algorithme calcule la force, la localisation et la direction de chaque impact encaissé pendant un match.
« Les joueurs ayant subi un fait de jeu à forte accélération, mais n’ayant pas présenté de symptômes ou n’ayant pas été repérés par les caméras de télévision, pourront être sortis du terrain et évalués », affirme World Rugby. Les joueurs qui ne disposent pas d’un appareil en état de marche continuent de recevoir des soins complets de la part du médecin du match et du personnel médical de leur équipe. Cette protection renforce le protocole d’évaluation de blessure de la tête de World Rugby appelé HIA (Head Injury Assessment), créé dans le but d’améliorer le bien-être des joueurs, et qui présente un taux de réussite de seulement 90 % dans le diagnostic des commotions cérébrales.
« Le client assume le risque de décès pouvant survenir lors de l’utilisation de l’équipement »
Mais ces protège-dents ne font pas l’unanimité, d’autant qu’ils ne sont « pas des outils de diagnostic des commotions cérébrales et ne sont pas considérés comme des dispositifs médicaux », prévient Erik Lund, ancien joueur professionnel et actuel vice-président de Prevent Biometrics pour la partie rugby. S’il n’a pas souhaité partager le nom de l’assureur en charge de ces appareils non-médicaux, le vice-président explique : « Nos protège-dents instrumentés (iMG) ont subi des tests approfondis pour garantir la sécurité, la protection dentaire et la précision des données, dépassant les normes les plus strictes de l’industrie. »
Dans ses termes, Prevent Biometrics se couvre pourtant largement. « Avant d’utiliser l’équipement, chaque athlète sera conscient des risques et dangers liés à l’exercice, au sport et à d’autres activités physiques. Chaque athlète reconnaîtra que l’IMM (protège-dents connecté) n’offre pas de protection contre toutes les blessures à la tête, à la bouche, aux dents ou à la mâchoire. Le client assume le risque de toute blessure, décès et dommage matériel à toute personne (y compris les athlètes) pouvant survenir lors de l’utilisation de l’équipement ou du logiciel. »
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Outre l’aspect médical, la technologie a aussi fait l’objet de critiques de la part de plusieurs acteurs du milieu, considérant que sa mise en place pourrait aller jusqu’à influencer l’issue d’un match, en cas de sortie de joueur…
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