Après son accident en 2010, Philippe Croizon a dû se faire amputer des bras et des jambes. Depuis, il se lance des défis sportifs qu’il réalise haut la main. Grâce à sa volonté de vivre ses rêves, il a ouvert une académie dédiée aux jeunes athlètes en situation de handicap, pour leur permettre d’accomplir, eux aussi, leurs objectifs sportifs.
Il a fait de son accident une renaissance. Après s’être fait amputer des quatre membres en 1994, à l’âge de 26 ans, Philippe Croizon a décidé de vivre ses rêves. Le papa de deux garçons a mis une dizaine d’années à surmonter son traumatisme. « Je me suis réveillé deux mois après l’accident, ensuite, je suis passé par toutes les étapes du deuil », se souvient celui qui n’hésite pas à faire preuve d’auto-dérision dès qu’il le peut.
Bien décidé à prendre sa revanche sur la vie, en 2010, il se lance un défi qui va changer son existence une nouvelle fois. « J’ai commencé le sport à 40 ans, mon cœur avait été brûlé pendant l’accident au niveau du ventricule gauche. Mon cardiologue ne voulait pas, tout le monde avait peur autour de moi, ils se disaient que j’étais fou, que j’allais mourir. » Mais le sportif en devenir ne lâche rien pour réussir à traverser la Manche à la nage. « J’ai fait 35 h de natation par semaine, 6 h de gainage, 280 km par mois et 4 000 km en deux ans pour un jour, le 18 septembre 2010. » S’en suit d’autres challenges fous comme celui de relier les cinq continents en 2012, ou encore de piloter sur le rallye Dakar en 2017.
Des journées rythmées par les entraînements
Des prouesses, il rêve d’en accomplir encore de nombreuses, mais en attendantes les prochaines, Philippe Croizon a voulu aider les jeunes en situation de handicap à faire comme lui, atteindre leurs objectifs. C’est dans cette optique qu’il a ouvert, en 2017, la « première académie handisport privée de France », qui porte son nom. « Ils ont un rêve et on leur accorde ce que moi on m’a accordé, la confiance qu’ils méritent », lance-t-il spontanément.
Avec cette structure sportive implantée à Vichy (Auvergne-Rhône-Alpes), les jeunes athlètes sont hébergés au Creps (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) et bénéficient des mêmes infrastructures que les pros. Si la natation est la discipline principale de l’académie Philippe Croizon, le para-aviron et le para-cyclisme sont aussi représentés.
Ainsi, chaque jour de la semaine, dès 7 h du matin, les jeunes s’entraînent pour concourir lors des dix week-ends de compétition par an. Après l’entraînement du matin, les athlètes en herbe filent en cours, avant de retourner nager en fin de journée ou de faire une séance de renforcement musculaire. En plus, ils bénéficient aussi de stages pendant les vacances scolaires.
Médailles olympiques à la clé
Un vrai emploi du temps de sportifs professionnels qui porte ses fruits. Certains ont déjà évolué à l’international en Équipe de France, en passant par les Championnats d’Europe et du Monde, puis, pour quelques-uns, les Jeux paralympiques. C’est notamment le cas d’Émeline Pierre qui en plus de son palmarès sur les Mondiaux, a, à 24 ans, décroché l’or aux Jeux de Paris 2024 sur le 100 m nage libre, ainsi que la médaille de bronze en 100 m dos. D’autres comme Théo Curin sont aussi sortis de cette structure, entraînés par Fabien Maltrait. « On est fiers de leur parcours », s’enthousiasme Philippe Croizon.
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À ce jour, l’académie est pleinement inscrite dans le paysage du sport-handicap français et fonctionne de manière totalement indépendante. Les jeunes athlètes continuent d’intégrer la structure pour se former. Tout en luttant quotidiennement pour que le handicap soit reconnu à sa juste valeur en France, Philippe Croizon travaille sur la réalisation de son prochain rêve : aller dans l’espace.
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