L’hiver à Pékin

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Le monde a été bouleversé ces deux dernières années par la crise du Covid. Les entreprises de l’évènementiel sont parmi les entreprises qui ont souffert de cette crise sanitaire et de ses conséquences. Certaines entreprises se pensaient couvertes par leur contrat d’assurance. Comme pour le secteur de la restauration, ce n’était que très rarement le cas, générant ainsi des situations conflictuelles avec les organismes d’assurance.

En route vers des JO et le grand huis-clos

Tel Amadis Dudu dans son bus 975, des milliers de sportifs se rendent en ce moment vers « leur Exopotamie » Beijing. Si le personnage de Boris Vian se lance dans la construction d’un chemin de fer, les athlètes eux visent plutôt un chemin qui les mènera à l’or. Les JO d’hiver de Beijing devraient commencer donc officiellement le 04 février prochain.  Mais, entre boycott diplomatique et Covid , les épreuves politiques ont, elles, déjà bien débutées. Et comme au tableau des médailles, le match a lieu entre les USA et la Chine. Comme pour beaucoup d’évènements depuis ces deux dernières années, il existe une menace (même si à quelques jours de la cérémonie d’ouverture, cela parait improbable) sur la tenue de ces jeux. De toute façon, nul doute que le comité olympique de Beijing est soutenu par les pouvoirs politiques chinois qui auraient assumé financièrement un report ou une annulation.

Il n’en est rien pour les sociétés organisatrices d’évènements en France et dans le monde.  Ces dernières ont souvent eu des déconvenues en lisant les petites lignes de leur contrat d’assurance. Beaucoup d’entreprises se pensaient couvertes par leur contrat d’assurance responsabilité civile organisateur (assurance non obligatoire même s’il est très recommandé d’en souscrire une).

Le cas médiatisé du Helfest

Parmi les déconvenues, le cas le plus médiatisé reste certainement celui du Helfest : l’assureur du festival a refusé d’indemniser la société organisatrice lors de l’annulation pour cause de Covid-19 en 2020. D’après L’argus de l’assurance dans un article de 2020, en cause, une clause « tout sauf » dans le contrat qui excluait les pertes pécuniaires résultant de « pneumonies atypiques (SRAS : syndrome respiratoire aigu sévère) » et de « pandémies reconnues par les autorités françaises ou par l’OMS (organisation mondiale de la santé). Seront seulement garanties, dans ce dernier cas, les manifestations qui auraient été souscrites avant la reconnaissance officielle par les autorités françaises ou par l’OMS desdites pandémies ». La perte estimée pour le Helfest  serait de 2 M€ environ, de quoi faire un trou dans le budget et des nœuds à la barbe.

Une nouvelle fois, les exclusions inscrites dans les contrats d’assurance conduisent au sentiment que les assureurs ne sortent jamais le carnet de chèque. La réponse « cambronnaise » (mais en anglais !) des organisateurs du Helfest n’est que le reflet de cette sensation d’injustice. 

En réalité, le but des exclusions est généralement de se positionner dans un monde « normal » dans lequel on peut appliquer les statistiques et probabilités observées. On en veut pour exemple les exclusions liées à la guerre.

Il est de plus techniquement (au sens actuariel) compliqué d’assurer des risques systémiques ou pandémiques : par définition, ils touchent tout le monde. Pour rappel, la base de la tarification d’un contrat d’assurance est d’évaluer la fréquence de survenance d’un sinistre et son cout. Lors d’évènements systémiques ou pandémiques, la fréquence tend vers 100%. Il n’y a donc plus d’aléa ou presque et donc plus d’assurabilité possible.

Des solutions difficiles à mettre en place

Parmi les idées intéressantes pour résoudre les problèmes pour une prochaine crise : la création d’un fonds qui pourrait s’alimenter par une partie des cotisations, par une partie du prix des billets, par une cagnotte populaire .

Le meilleur allié de ce fonds en serait le temps : plus l’écart temporel sera important entre deux épisodes pandémiques, plus le fond grossira. Un fonds qui d’ailleurs ne devrait pas forcément être piloté par des assureurs mais, pourquoi pas, par une organisation des professions concernées. Toujours est-il qu’une telle solution ne permet pas de répondre à l’urgence actuelle et mettrait du temps avant d’être mise en place.

Outre le problème de qui finance ce fonds, à quelle hauteur et comment, la question de la redistribution serait bien entendue également un des enjeux majeurs qui ne manquerait pas de générer d’autres complications…

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