Allianz assureur des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, dans les coulisses d’un contrat XXL

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Le groupe Allianz a signé un partenariat olympique et paralympique mondial de huit ans. En tant qu’assurance de ce grand événement sportif international, il se doit d’établir, avec le Cojop, les contrats d’assurance de chaque partie de la compétition, et de faire connaître les parties qu’il ne souhaite pas assurer. Fabrice Michel-Villaz, directeur de la politique commerciale, sportive et olympique d’Allianz France, décortique les grands points de cette collaboration. 

Allianz a signé un contrat de huit ans avec le Comité international olympique. Crédit : DR

La sécurité des Jeux olympiques de Paris repose, en partie, sur ses épaules. Le groupe Allianz a été choisi pour assurer la grande compétition aux cinq anneaux qui se déroulera dans la capitale française cet été. Le groupe d’assurances allemand a signé un partenariat olympique et paralympique mondial d’une durée de huit ans, à compter de 2021. Il a donc déjà couvert une partie de l’olympiade d’hiver de Pékin, en 2022. En plus de Paris, Allianz sera aussi l’assureur d’une partie des Jeux de Milan Cortina en 2026, et ceux de Los Angeles en 2028.

Fabrice Michel-Villaz, directeur de la politique commerciale, sportive et olympique d’Allianz France, décortique les grands points de cette collaboration XXL. 

Comment avez-vous décroché ce contrat ?
La genèse remonte à plusieurs années, lorsque nous avons signé un contrat avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Ce n’est donc que quelques années plus tard que notre groupe a entamé un partenariat avec le Comité international olympique (CIO) pour les droits et assurances des Jeux olympiques et paralympiques. Notre contrat tient jusqu’à 2028. La décision a été prise au niveau mondial de notre groupe, mais ces négociations ont été très longues, elles peuvent prendre plusieurs années.

Avant de signer ce contrat, nous étions déjà top partenaire du CIO et partenaire des Jeux paralympiques depuis 2006. Avoir ce statut a certainement aidé à la signature. Chaque top partenaire a « sa chasse gardée », quand le Comité olympique lance ses recherches, il a déjà sa liste de partenaires principaux. Par exemple, Omega est responsable du chronométrage de toutes les épreuves. 

Avec les Jeux de Paris 2024, Allianz recouvre différents sites de la capitale. Crédit : Allianz

Qu’est-ce qui est assuré ?
On peut presque tout assurer sur ce qu’on appelle un Gesi, un Grand événement de sport international. Ce dernier est plus complexe qu’un Ges (Grand événement sportif), événement national ou local. La différence entre ces deux termes tient dans la multiplicité des risques volumétriques et de dispersion. Dans un Gesi, on comptabilise souvent plusieurs événements à des localisations différentes, dans des infrastructures différentes. On doit alors couvrir l’ensemble des risques : les infrastructures, les transports, la responsabilité civile, le rapatriement, la billetterie, etc. Allianz qui définit ce qu’il veut couvrir ou pas, via une grille de risques.

De manière générale, on couvre largement, mais il peut arriver que pour des raisons techniques ou de risques, nous ne couvrions pas une infrastrcture, un concert prévu en amont d’un événement sportif, etc. Dans ce cas là, cela peut être couvert avec l’accompagnement d’un réassureur via un traité de réassurance, ou avec un ou plusieurs coassureurs permettant de partager le risque. Si aucun de ces deux derniers ne veut assurer et qu’il n’y a pas d’autre assureur dans les 13 top partenaires du CIO, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) passe un appel d’offre.

Toutes ces décisions sont prises selon la politique de risques de l’entreprise dans un premier temps. Ensuite, le cas est étudié en termes de souscription. L’idée est alors de savoir comment on évalue le risque selon la grille  spécifique que l’on a. Pour un grand événement, on étudie au cas par cas le risque. Par exemple, pour les Jeux de Los Angeles en 2028, les sites de compétition seront très loins les uns des autres, parfois à 150 ou 200 km d’écart. Les trajets seront donc beaucoup plus longs que pour les Jeux de Paris. Il y a donc plus de risques d’accidents. Il en va de même pour les Jeux de Milan Cortina en 2026, il peut y avoir plus de tôle froissée car les trajets seront effectués sur des routes de montagne.

Les sportifs et leur matériel sont-ils couverts par Allianz ?
Généralement, les athlètes ont leur propre assureur. Allianz peut toutefois être assureur pour certains athlètes ou certaines fédérations. Si un athlète concours pour une fédération couverte par notre groupe, il sera couvert par cette assurance en plus de la sienne. Nous agirons alors en tant qu’assurance complémentaire.

Chaque infrastructure est couverte lors des Jeux olympiques et paralympiques. Crédit : DR

On entend beaucoup parler de la sécurité et du risque d’attentat.
Comment vous placez-vous face à cette menace ?

On assure le risque criminel en fonction de certains modèles mathématiques, en collaboration avec l’État. Le protocole est sous embargo, pour rester sécurisé.

La cérémonie d’ouverture est au coeur des débats quant à l’aspect sécuritaire, pouvez-vous refuser d’assurer cette partie ?
Un contrat contient des closes. Comme nous l’avons expliqué précédemment, chaque petite partie d’un événement est assurée selon ces closes (RC, tickets, etc.) L’assurance s’applique selon les risques de chacune de ces parties. Pour la cérémonie d’ouverture, le Cojop peut demander un contrat spécifique. Soit Allianz l’accepte, soit il refuse et l’organisateur doit alors chercher un autre assureur, pour cette partie spécifiquement.

Qui paye ce contrat d’assurance XXL ?
C’est le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. Dans son budget global, le Cojop a des enveloppe budgétaires pour la cérémonie d’ouverture, le timing, les ouvrages, etc. L’enveloppe dédiée au programme d’assurance concerne la couverture des risques, que ce soit a niveau des cérémonies, des événements, des infrastructures, etc. Mais il faut savoir que les Jeux sont financés à 95% par les financeurs publics, donc les partenaires.

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